& les Chroniques
Express
Say Hi
"Diamonds & Donuts"

"Diamonds & Donuts"
DATES | Sorti le 7 février 2020 | Publié le lundi 24 février 2020
ET ALORS | Eric Elbogen, alias Say Hi est un américain sympathique et plein d'humour, qui fait tout tout seul, synthés (beaucoup), guitare (un peu) et chant (forcément), mais aussi packaging et vidéos. L'homme est discret, mais ça fait pourtant bientôt vingt ans qu'il roule sa bosse : il vient juste de sortir son onzième album, rien que ça ! Reste que toute la sympathie du monde ne lui a pas permis de ne sortir que des chefs d'oeuvres. "Bleeders Digest", en 2015, en était un, enfin disons un chouette disque que l’on adorait écouter pour ses pop-songs à la douce mélancolie, souvent dansantes, un peu frappadingues, et surtout fort plaisantes. L'album suivant était un peu plus décevant, trop mollasson. On était alors un peu dans l'expectative avec ce nouveau "Diamonds & Donuts" annoncé. Celui-ci est plutôt une bonne surprise, avec quelques excellents morceaux (vraiment !), hélas parfois un peu gâchés par des titres moins remuants et un peu plombants. Reste un bon disque, comme d'habitude, que l'on ne rechignera jamais à écouter et qui mérite que l'on s'y attarde.

Night Sins
"Portrait in Silver"

"Portrait in Silver"
DATES | Sorti le 6 septembre 2019 | Publié le mardi 28 janvier 2020
POURQUOI | Pochette
ET ALORS | J’avoue que je n’avais pas adhéré à la frénésie qu’il y a pu avoir autour de la sortie du premier album de Night Sins en 2012. Trop de guitares, de reverb sur la voix, trop goth, trop maniéré, Rosetta Stone et Love Like Blood n’avaient jamais fait partie de mes références, et ce n’est pas ce projet de l’américain qui allait me faire changer d’avis. Sept ans et trois albums plus tard, c’est un peu par hasard que la reprise de contact se fait. Et cette fois-ci, on découvre une sorte de Depeche Mode… sale, mais pas sale comme le “Pretty Hate Machine” de Nine Inch Nails, ici le ton est juste gênant, pas de très bon goût, comme si un détraqué était entré subrepticement dans le studio de Dave Gahan et Martin Gore. Mais ça fonctionne ! “Lonely in the Mirror” qui ouvre l’album vous fera tapoter du pied, et “For People Like Us” certainement frétiller. Plus loin, “Daisy Chain” frôle l’incongruité absolue tant il rappelle "Strangelove"… Par moment le ton se durcit, se rapprochant sur quelques sonorités pas anodines du sus-cité Nine Inch Nails… Et si l’on est parfois sans pitié avec des artistes pourtant plus discrets quant à leurs influences, on doit avouer que cette curiosité tourne en boucle sur nos platines depuis sa sortie, et l’on n’est pas certain qu’elle le mérite.

Bestial Mouths
"Inshroudss"

"Inshroudss"
DATES | Sorti le 1 novembre 2019 | Publié le lundi 20 janvier 2020
ET ALORS | Tribale, animale, brute, voilà l’atmosphère qui caractérise la musique de Bestial Mouths. Une ambiance qui enveloppe, happe, et étreint, comme le ferait un animal en apparence paisible… mais qui vous sauterait à la gorge à la première occasion. Le nom de la formation, originaire de Berlin, n’y est évidemment pas pour rien, la pochette n’est pas en reste non plus pour expliquer le sentiment que procure l’écoute de cet EP. On pense aux premiers Siouxsie, à Virgin Prunes, à Diamanda Galás, parce que les compositions sont à la fois riches et crues, et que la formation, menée par la voix de Lynette Cerezo, est comme animée de quelque chose de viscéral, qui nous inonde et nous entraîne dans ses méandres. Mais ici l’on est bien en 2020 et ce sont des sonorités plus électroniques, robustes, subtilement construites, qui servent de trame à ces cinq titres. Si le groupe a déjà trois albums et une poignée de singles à son actif, c’est avec “Inshroudss” que l’on vient de le découvrir et rattraper notre retard avec sa discographie initiée en 2010 est une expérience fascinante.

The Legendary Pink Dots
"Angel in the Detail"

"Angel in the Detail"
DATES | Sorti le 23 août 2019 | Publié le vendredi 27 décembre 2019
ET ALORS | Deux années auront été nécessaires à la réalisation du nouvel album des Legendary Pink Dots dont on a définitivement arrêté de compter les productions. Extrêmement aérien, comme composé la tête dans les nuages et le regard volontairement ailleurs, le son d’"Angel in the Detail" ne souffre d'aucune surcharge : les cordes d'une guitare sont tout juste caressées sur "Happy Birthday Mr. President", où nous sommes aussi loin que possible de celles, tranchantes, de "Nemesis Online". Ne cherchez pas le successeur de "Maria Dimension", de "Any Day Now", ni des "Shadow Weaver" avec ce nouveau disque qui s’inscrit dans la continuité des récents "Pages of Aquarius" et autres "Five Days" : le propre du chef-d’œuvre reste évidemment sa rareté.
Et si vous devez rester sur votre faim pour cause de déjà-vu, sachez que quarante-deux (!) titres supplémentaires sont disponibles ici, et qu'un très bel album solo d'Edward Ka-Spel intitulé "The Moon Cracked Over Albion" est sorti simultanément. Car s’il y a bien une constante tout au long de ces quarante années d’activité, c’est bien la quantité des productions enregistrées par ce groupe hors du commun auquel il faudrait un jour consacrer une encyclopédie complète afin d’y retracer les vies multiples.

Numb
"Mortal Geometry"

"Mortal Geometry"
DATES | Sorti le 23 août 2019 | Publié le jeudi 19 décembre 2019
ET ALORS | A vrai dire, nous n’y avons pas cru tout de suite : le retour annoncé de Numb après vingt ans d’absence -soit ni plus ni moins qu’une génération- nous semblait tellement improbable car nous savions Don Gordon parti s’installer au Vietnam au début des années 2000 pour ce qui ressemblait à un nouveau départ en famille. Improbable mais pas impossible, donc, puisqu’un premier extrait, "Redact", rapidement dévoilé au début de l’été a transformé la surprise en impatience. Et les premières impressions se sont vite confirmées : par chance, "Mortal Geometry" ne reprend pas les affaires où elles s’étaient brusquement arrêtées en 1998, le groupe ayant profité de cet exil pour se débarrasser de la composante technoïde mal à propos de "Blood Meridian". Moins chargées et plus lisibles, ces nouvelles compositions renouent avec une façon de procéder proche de celle des débuts : en ligne droite sans dispersion, mais avec la technologie du vingt-et-unième siècle en plus. Et tradition oblige, les morceaux les plus expérimentaux tels que "Mortal Geometry" et "Shadow Play" sont conservés pour la fin. Quel retour !

Statiqbloom
"Asphyxia"

"Asphyxia"
DATES | Sorti le 7 juin 2019 | Publié le mardi 17 septembre 2019
ET ALORS | L'adage populaire assure que l'on ne choisit ni sa famille ni ses parents, mais dès lors qu'il s'agit d’appartenir à une scène musicale, c'est une tout autre histoire. Il y a bien entendu des filiations plus évidentes que d'autres, et dans le cas présent, les membres de Statiqbloom ont clairement choisi de se positionner en tant qu'enfants légitimes du Skinny Puppy de la seconde moitié des 80s… qui auraient passé leurs vacances chez Synapscape. Sur leur second album de dark électro à l'ancienne (garanti sans aucun son préprogrammé), les compositions raclent le plancher et accrochent le plafond pour un résultat véritablement organique, jusqu’à sa pochette servie par un serpent albinos rampant sur le logo du groupe réalisé en bois. Le duo de Brooklyn y démontre un savoir-faire que l'on ne peut que respecter, tout en dépoussiérant du même coup "Vivisect VI" et "Cleanse Fold and Manipulate" que l'on avait un peu dédaignés ces dernières années. Fort heureusement, "Asphyxia" est venu remettre de l'ordre dans nos priorités.

Edward Ka-Spel & Nuits Rouges
"Midnight Pharmacy"

"Midnight Pharmacy"
DATES | Sorti le 16 avril 2019 | Publié le mardi 23 avril 2019
ET ALORS | Pour nous permettre de patienter jusqu’à la sortie très attendue de "The Angel In The Detail", le prochain album de son groupe The Legendary Pink Dots, Edward Ka-Spel nous fait la surprise d’une nouvelle collaboration avec le duo américain Nuits Rouges (Richard Ramirez et Sean Matzus de Black Leather Jesus) pour une paire de très longs titres développés en vue d’une édition en vinyle limitée à paraître en mai. Le premier, "The Night Before" donne l’impression de passer la nuit au milieu de la chambre rouge de Twin Peaks en compagnie du nain qui parle à l'envers, entre rêve, angoisse et claustrophobie. Quant au second, "The Mourning After", c’est au contraire une véritable ode au grand air, tout en field recording et accords au piano, qui nous invite à admirer la délicate lumière du matin prendre toute son ampleur au son du chant des oiseaux les plus matinaux.

Download
"Unknown Room"

"Unknown Room"
DATES | Sorti le 8 mars 2019 | Publié le mercredi 3 avril 2019
ET ALORS | Dans la seconde moitié des années 90, les disques de Download paraissaient de prime abord insaisissables voire hermétiques car alors précurseurs d'un genre, l’IDM, qui allait prendre de l'ampleur quelques années plus tard. Aujourd'hui, la musique de cEvin Key et du regretté Phil Western, soudainement disparu il y a un mois, est toujours aussi riche et joliment à part, pleine de sons rêvés et réalisés dans leur laboratoire sonore, un peu psychédéliques, comme mûs d'une vie propre et dansant à leur guise sur des rythmiques stroboscopées. Avec sa collection de synthés câblés et leurs potentiomètres, le duo propose une nouvelle fois ses expérimentations électroniques et ses séquences venues d'ailleurs, mais moins hallucinées et plus régulières que sur leurs deux précédents disques ("Helicopter" et "Lingam"). Et penser qu'il s'agit très probablement du dernier nous brise le cœur.

Drenge
"Strange Creatures"

"Strange Creatures"
DATES | Sorti le 22 février 2019 | Publié le jeudi 28 mars 2019
POURQUOI | On l'attendait
ET ALORS | Après "Undertow ", un superbe premier album paru en 2015, Drenge avait sorti en 2018 un EP sympathique, mais guère enthousiasmant. On attendait donc avec impatience une suite... que voici enfin ! Le groupe a évolué, ou a cherché à le faire, et cela se sent. Malheureusement, si l'ensemble n'est pas désagréable et si deux ou trois titres sont à la hauteur de ce que l'on pouvait espérer, "Strange Creatures" laisse une impression un peu décousue. Le rouleau compresseur des débuts a disparu au profit de morceaux certes plus évolués et pas désagréables, mais le coeur n'y est pas et quelque chose manque, quelque chose s'est affadi. On va leur laisser le bénéfice du doute et souhaiter que le groupe passe l'écueil toujours difficile du second album pour nous donner un troisième disque à la hauteur de leur originalité, ils en sont capables.
CONNEXE | Undertow (le premier album)

Laibach
"The Sound Of Music"

"The Sound Of Music"
[Mute]
par Anthony Augendre
DATES | Sorti le 23 novembre 2018 | Publié le mardi 26 mars 2019
ET ALORS | Invité à se produire à Pyongyang en Corée du Nord en 2015, Laibach découvre que "The Sound Of Music" ("La Mélodie du bonheur"), la comédie musicale signée en 1965 par le réalisateur humaniste Robert Wise ("West Side Story", "La canonnière du Yang Tsé"), y est très appréciée. Le collectif décide alors d'adapter ce qu’il estime être sa source d’inspiration fondamentale. Car les analogies entre le film faussement naïf et l’œuvre des Slovènes sont nombreuses ; à commencer par l’art de dépeindre l’autoritarisme sous des dehors pop. Dans ce remaniement, les arrangements orchestraux somptueux, en mode mineur, évoquent parfois Goldfrapp ou Samuel Barber mâtiné d’électronique kraftwerkienne ; vocoder et lignes de basses moog oblige. Le livret et ses illustrations détournant l’esthétique réalisme socialiste et l’iconographie montagnarde est à mourir de rire. Du grand Laibach en marche.

FILTRES | P








